Il peut y avoir plusieurs raisons à la sortie de bourse d’une entreprise comme Natixis. Ce phénomène, auparavant rarissime et mal perçu par les acteurs économiques, s’est quelque peu démocratisé au début des années 2000 avec l’explosion de la bulle internet et s’est accentué avec la crise financière de 2008.
Les principales causes découlent souvent de l’incompatibilité de l’entreprise avec le marché financier dans lequel elle évolue. Plusieurs sociétés passent donc de « publiques à privées » pour éviter les contraintes imposées par la cotation (pression des actionnaires, publication des comptes, respect des règles, incertitude face aux fluctuations du marché, impact sur le cours de l’action…). Un autre cas de figure peut être la possession majoritaire d’une société par un groupe qui décide d’opérer une manœuvre stratégique afin de mieux maitriser l’évolution de l’entreprise en rachetant les parts « minoritaires » avec une prime par rapport au cours de l’action. Il semblerait que le cas de Natixis soit un mélange de toutes les raisons citées ci-dessus.
Introduit en 2006 au cours de 19,55 euros pour 29,7% du capital, le titre Natixis a provoqué un engouement réel auprès des ménages français étant donné que 2,8 millions de particuliers ont participé à l’opération. Suite à la crise financière de 2008 mais également à des choix stratégiques risqués, le cours de l’action dégringole (moins de 1 euro en mars 2009) et ne pourra jamais retrouver son niveau d’entrée en bourse. Le 9 février 2021, la cotation du titre Natixis est suspendue à 3,7 euros après un bond de 7% la veille dopée par les rumeurs d’une éventuelle sortie de bourse. L’hypothèse d’une sortie de bourse de Natixis n’est pas nouvelle ; elle est suggérée dans les salles de marché depuis 2008.
Sauf que cette fois-ci, la rumeur est confirmée par la proposition du groupe BPCE (qui détient 70,7% du capital de Natixis) de racheter le solde du capital au prix de 4 euros par action ce qui représente donc une prime de 8,1% par rapport au dernier cours. Selon Laurent Mignon, président du directoire du groupe BPCE, « la bourse ne permet plus aux banques de financer leur croissance dans de bonnes conditions ».
Cette offre publique d’achat de 3,7 milliards d’euros sur les actions de Natixis s’inscrit dans une volonté de recentrage et de simplification du groupe mutualiste afin de mieux faire à la forte concurrence. Ce nouveau plan stratégique, qui devrait être communiqué en juin 2021, envisage de réorganiser le groupe en deux pôles principaux ; un pôle « Retail » d’une part avec toutes les activités de la banque de détail et un pôle « Global Financial Services » d’autre qui regrouperait les activités de gestions d’actifs et de fortunes. La réorganisation permettrait également l’harmonisation des fonctions support du groupe et un rapport plus facile avec les régulateurs. Avec cette opération, BPCE deviendrait le premier groupe bancaire européen non côté.
Le groupe mutualiste n’exclut cependant pas un éventuel retour en bourse ciblé sur les activités de gestion d’actifs si jamais un besoin de croissance se faisait ressentir à l’avenir.
Ghazi Ben Salem, consultant MOA